SABRES JAPONAIS D'EXCEPTION

Fabrication du Nihonto, 

les Tōken-shokunin

 

Les Tōken-shokunin, 

les Maîtres artisans du Nihonto

 

Le  Nihonto , ou sabre japonais qu'on apelle aussi katana, est l’un des symboles les plus emblématiques du Japon et sa fabrication est un processus minutieux, nécessitant l’intervention de différents artisans hautement spécialisés. 

De l’extraction de l’acier à la certification finale, chaque étape suit des traditions millénaires et un savoir-faire transmis de génération en génération. 

 

Les Tōken-shokunin sont des artisans japonais spécialisés dans la fabrication, l'entretien et la restauration des sabres traditionnels, appelés nihontō ou shinken (lame véritable).

 

Leur travail incarne l'esprit du shokunin, un concept japonais qui désigne une quête perpétuelle d'excellence et de perfection dans son métier. 

Ces maîtres artisans jouent un rôle crucial dans la préservation de l'héritage culturel japonais, où les sabres ne sont pas seulement des armes, mais aussi des œuvres d'art et des symboles historiques et spirituels.

 

Découvrez leur travail exceptionnel !

 

  • Le Murage-shi (村下師) : Le Maître métallurgiste responsable de la supervision de la production de l'acier Tamahagane dans le four Tatara.

• Le Tosho (刀匠) : Le Forgeron de sabres japonais, créant la lame à partir d’acier tamahagane selon les techniques traditionnelles. 

• Le Togi-shi (研師) : Le Polisseur de sabres, chargé de révéler le grain de l’acier (jihada) et la ligne de trempe (hamon) grâce à un polissage minutieux. 

• Le Saya-shi (鞘師) : Le Fabricant de saya (fourreau), sculptant le bois (généralement du magnolia) pour un ajustement parfait avec la lame. 

• Le Nuri-shi (塗師) : L' Artisan laqueur appliquant des couches d’urushi (laque traditionnelle) sur la saya pour la protéger et la décorer. 

• Le Tsukamaki-shi (柄巻師) : Le Spécialiste du tressage de la tsuka (poignée), utilisant de la soie, du coton ou du cuir pour un maintien optimal. 

  • Le Tosogu-shi (刀装具師)   : L' Artisan créant les ornements du sabre (la tsuba ,  les   menuki, le fuchi-kashira , etc.), souvent en métal gravé et sculpté.

 

Le Murage-shi dans la Fabrication 

du Sabre japonais

 

La fabrication d’un sabre japonais Nihonto commence par la production du tamahagane , un acier traditionnel obtenu dans un tatara , un fourneau ancestral. 

Ce processus est géré par le murage-shi (maître métallurgiste), qui sélectionne et affine l’acier pour garantir une qualité optimale. 

Fusion du sable ferrugineux : Le tatara est alimenté avec du sable ferrugineux (satetsu) et du charbon de bois pendant 72 heures, permettant à l’acier de se former par réduction directe.

Sélection du tamahagan e : Une fois la fusion terminée, l’acier est brisé en morceaux et seuls les plus purs (d’une teneur en carbone idéale) sont conservés. 

Les fragments sont alors triés manuellement par le murage-shi, qui évalue la qualité de chaque pièce en fonction de sa texture et de sa solidité.

 

tatara four traditionnel japonais

 

Le tatara, le four en sable ou le sable ferrugineux vas se tranformer en acier tamahagane

Le murage-shi est le premier maillon de la chaîne d’artisans qui contribuent à la création d’un sabre japonais. Il est chargé de sélectionner les meilleures matières premières et de superviser le processus de transformation du minerai de fer en acier pur destiné à la forge. 

 

Les responsabilités principales du murage-shi : 

 

Sélection du minerai de fer : Le sable ferrugineux (satetsu, 砂鉄) est collecté, car il est riche en fer et se prête bien à la fabrication de l’acier traditionnel japonais.  

Gestion du tatara (高殿, fourneau traditionnel) : Le murage-shi supervise l’opération du tatara-buki, une technique de réduction du minerai dans un four en argile chauffé à haute température.  

Affinage du tamahagane : Après la fusion, l’acier brut est trié selon sa teneur en carbone. Le murage-shi sélectionne les morceaux les plus adaptés pour la forge du Nihonto. 

 

Tous les morceaux d’acier obtenus par le tatara-buki ne sont pas utilisables pour la forge d’un Nihonto. 

Le murage-shi doit effectuer un tri méticuleux pour séparer les différentes qualités d’acier :

 

Acier tendre (shingane, 心鉄) : Utilisé pour le noyau du sabre, garantissant une certaine flexibilité. 

Acier dur (kawagane, 皮鉄) : Employé pour la surface extérieure du Nihonto, apportant une excellente capacité de coupe.

 

Transmission du savoir aux forgerons (tosho, 刀匠) : Il fournit l’acier aux maîtres forgerons, qui doivent adapter leur travail en fonction des caractéristiques de chaque lot de tamahagane. 

 

L’Influence du Murage-shi sur la Qualité du Nihonto  

 

La qualité du tamahagane est déterminante pour la performance finale du Nihonto. 

Une erreur dans le processus de fusion ou de sélection peut compromettre la robustesse et la flexibilité de la lame. 

Un bon tamahagane assure : 

Une excellente soudabilité pour les multiples pliages effectués par le forgeron. 

Une dureté optimale tout en maintenant une certaine souplesse. 

Un grain fin et homogène permettant un polissage raffiné qui met en valeur le hada (肌, structure de l’acier). Le travail du murage-shi est donc essentiel et conditionne la réussite de tout le processus de fabrication du sabre japonais.  

 

Héritage et Transmission du Métier de Murage-shi 

 

Il existe peu de véritables murage-shi au Japon, car ce métier demande des années de formation et d’expérience.

Ce savoir-faire ancestral est aujourd’hui protégé par des maîtres métallurgistes qui perpétuent la tradition. Les techniques du tatara-buki sont enseignées dans certains instituts spécialisés et par des maîtres expérimentés.

L’Agence pour les Affaires Culturelles du Japon reconnaît certaines de ces pratiques comme des biens culturels immatériels.

Aujourd’hui, le Nihon Tatara (日本たたら) est exploité à Okuizumo , où des démonstrations sont organisées chaque année pour préserver cette tradition unique.  

 

Murage-shi maitre métallurgiste

 

  Le Murage-shi surveille en permanence le bon déroulement des opérations

La Forge du Nihonto par le Tosho (Maître Forgeron)

 

Le  tosho , ou maître forgeron, tranforme le tamahagane en une lame de nihonto, le sabre japonais mythique. 

Son travail requiert plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

 

 

Les différentes étapes de son travail : 

 

Pliage et soudage : Le tamahagane est chauffé, martelé et plié plusieurs dizaines de fois pour éliminer les impuretés et créer un grain d’acier fin appelé hada. 

Ce processus est crucial car il influence directement la résistance et la flexibilité du sabre japonais. 

Construction de la lame : Traditionnellement, deux types d’acier sont utilisés : un noyau tendre (shingane) pour la flexibilité et une enveloppe externe dure (kawagane) pour la résistance. 

Le forgeron veille à leur parfaite fusion. 

Trempe sélective : L’application d’une argile spéciale sur la lame avant la trempe permet de créer un hamon unique (ligne de trempe ondulée) par un refroidissement différentiel. 

La lame est ensuite plongé dans l’eau, un moment critique qui peut causer des fissures si l’opération est mal réalisée. 

Affinage du nakago (soie de la lame) : Une fois la lame forgée, la partie insérée dans la poignée est soigneusement limée pour créer un ajustement parfait avec la tsuka.

trempe lame katana

 

 

Le moment crucial de la trempe une fois la lame enduite d'argile et chauffée à la bonne température

Le Travail du Polissage par le Togishi

 

 

  Le togishi est un artisan spécialisé qui affine la beauté de la lame du nihonto grâce à un polissage extrêmement minutieux. Cette phase peut durer plusieurs semaines.  

Affinage progressif : Le polissage se fait avec différentes pierres naturelles, allant des plus rugueuses aux plus fines. Cela met en évidence la structure du hada et du hamon, révélant ainsi toute la complexité du travail du forgeron. 

Techniques spécifiques : Le togishi applique des techniques précises, comme le hada-nagashi (révélation du grain de l’acier) et le jizuya (perfectionnement des détails du hamon) afin de donner une finition unique à la lame. 

Mise en valeur des détails : À l’issue du polissage, la lame acquiert une clarté et une profondeur incroyables. La lumière interagit avec l’acier de manière fluide, un effet que seule une main experte peut obtenir.  

polissage lame katana

   Le long processus de polissage se fait. à l'aide de pierres naturelles de grains différents

La Fabrication du saya (le fourreau) par le saya-shi

 

 

  Le magnolia (ho-no-ki en japonais, ホオノキ) est l’essence de bois privilégiée pour la fabrication des sayas (fourreaux) des sabres japonais (nihonto) , et ce, pour plusieurs raisons techniques et historiques. 

 

Le choix du magnolia n’est pas un hasard. Ce bois possède plusieurs caractéristiques qui en font un matériau parfait pour la conservation et la protection du sabre :

 

• Une texture fine et douce 

Le bois de magnolia est lisse, léger et relativement tendre, ce qui évite d’endommager la lame lorsqu’elle est insérée ou retirée du fourreau. 

Contrairement à d’autres bois plus durs qui pourraient rayer ou user le fil du tranchant, le magnolia offre une surface délicate et adaptée à un contact régulier avec l’acier du Nihonto

 

• Une faible rétention d’humidité 

L’humidité est l’un des pires ennemis d’une lame de sabre japonais, car elle favorise la formation de rouille (sabi, 錆). 

Le magnolia est un bois qui a une structure cellulaire stable, ce qui lui permet de réguler l’humidité et d’éviter les condensations excessives à l’intérieur du fourreau.

 

• Une absence de résines ou d’huiles nocives 

 

Contrairement à certaines autres essences de bois, le magnolia ne contient ni résines agressives, ni huiles volatiles qui pourraient interagir avec l’acier et altérer la qualité du polissage ou du tranchant. 

 

• Une résistance aux insectes et aux champignons 

Le magnolia est naturellement résistant aux moisissures et aux attaques d’insectes, ce qui garantit la longévité du fourreau et protège efficacement le shinken (nihonto), même dans des conditions de conservation prolongées.  

 

fabrication fourreau katana

 

 

Le saya-shi trace l'empreinte de la lame sur la demi-coquille du saya pour la creuser au ciseau à bois.

La Fabrication d’une Saya en Magnolia est un travail de haute précision 

 

La confection d’un fourreau de sabre en magnolia suit plusieurs étapes minutieuses  

 

• Sélection du bois :

Seuls les morceaux les plus homogènes et bien séchés sont choisis pour éviter toute déformation avec le temps. 

• Sculpture interne : 

La saya est creusée pour épouser parfaitement la forme de la lame, assurant un maintien optimal sans exercer de pression excessive. 

• Assemblage et collage : 

Les deux moitiés sont assemblées et collées avec de la colle traditionnelle. 

• Finition et laquage : 

La saya peut être laissée brute (shirasaya) ou recouverte de laque urushi pour une meilleure protection et un rendu esthétique soigné. 

• Le Magnolia dans les Sayas et les Shirasaya 

Le magnolia est utilisé aussi bien pour les sayas de combat, souvent recouvertes de laque pour une meilleure résistance, que pour les shirasaya, fourreaux de stockage destinés aux lames non montées. Les shirasaya, souvent en magnolia naturel non traité, offrent une protection idéale pour préserver les sabres japonais sur de longues périodes sans risque d’oxydation.

 

 

La peinture du saya (le fourreau) par le saya-shi

 

Parmi les nombreux métiers artisanaux liés à la fabrication des sabres japonais, celui de laqueur de saya (fourreau) se distingue par sa complexité et son raffinement. 

Ce savoir-faire ancestral repose sur l’application de l’urushi, une laque extraite de l’arbre à laque japonais (Toxicodendron vernicifluum), dont les propriétés protectrices et esthétiques en font un matériau d’exception. 

 

saya laque urushi nihonto

  Un exemple du savoir faire des laqueur qui combine la laque urushi et différents matériaux comme des poudres et différents éléments comme des graines

 

Le travail du laqueur commence par la préparation du support. 

Le saya, généralement fabriqué en bois de magnolia (Honoki), est soigneusement poncé et traité pour assurer une surface optimale. 

 

L’application de l’urushi se fait en plusieurs couches, chacune nécessitant un séchage dans une atmosphère contrôlée, où l’humidité joue un rôle clé dans la polymérisation de la laque. 

Contrairement aux peintures modernes, l’urushi ne sèche pas à l’air libre mais sous un taux d’humidité élevé. La pose de la laque demande une dextérité et une rigueur extrêmes. 

 

Chaque couche est appliquée à la spatule, au pinceau ou au tampon, selon l’effet recherché. 

Une fois la surface durcie, le polissage commence, révélant une brillance profonde et une texture soyeuse. Cette alternance entre application, séchage et polissage peut s’étendre sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour les finitions les plus sophistiquées. 

 

Laque urushi saya katana

Ici le laqueur mélange plusieurs laques urushi avec de la poudre nacrée technique qu'on apelle Nashiji-nuri

Le métier de laqueur ne se limite pas à une simple couche protectrice.

Les maîtres artisans explorent diverses techniques pour créer des finitions uniques : 

 

Roiro-nuri   (brillance miroir), obtenue par un polissage minutieux. 

Ishime-nuri   (effet pierre), conférant une texture granuleuse. 

Nashiji-nuri , où des particules dorées ou argentées sont dispersées dans la laque. 

Maki-e , une technique où des motifs dorés sont dessinés à la poudre métallique. 

 

Ces techniques font du saya bien plus qu’un simple fourreau : il devient une œuvre d’art, fusionnant protection et esthétique.  

Le tressage de la tsuka par le tsukamaki-shi

 

Dans l’univers du sabre japonais, chaque composant joue un rôle essentiel, tant sur le plan esthétique que fonctionnel. Parmi les artisans spécialisés, le tsukamaki-shi occupe une place centrale. 

Ce maître du tressage est chargé d’habiller la tsuka (poignée) du katana en enroulant le tsukaito, un cordon de soie, de coton ou de cuir, selon des techniques précises garantissant à la fois esthétisme et solidité.

 

Tressage tsuka

Ici le Tressage de la poignée du sabre japonais est d'une importance cruciale pour la bonne tenue de delui-ci

  Le travail du tsukamaki-shi commence par une analyse minutieuse du tsuka afin d’adapter son travail aux exigences du client ou du sabre lui-même. 

 

La poignée est généralement recouverte d’une peau de raie (samegawa), dont la texture rugueuse améliore la prise en main et sert de base au tressage. 

 

Le tressage doit être réalisé avec une tension parfaite : trop lâche, il compromettrait la solidité de la prise, trop serré, il risquerait d’endommager les matériaux ou de nuire au confort de l’utilisateur. 

Chaque pli du tsukaito est ajusté à la main, en veillant à une symétrie parfaite et à un alignement rigoureux des losanges formés par le croisement des bandes 

 

Tressage tsuka fil à fil

Ici le Tressage se fait fil par fil

 

 

Le tsukamaki-shi maîtrise plusieurs techniques de tressage, adaptées aux besoins des pratiquants et aux styles de monture : 

 

Hineri-maki, le style classique où le cordon est torsadé pour un maintien optimal. 

 

Katate-maki, utilisé sur les sabres de combat (uchigatana), plus fonctionnel avec un enroulement asymétrique offrant une meilleure prise. 

 

Tensho-maki, où la soie est entrecroisée avec des parties exposées de la peau de raie, offrant un design épuré et une prise ferme. 

 

Shimada-maki, un tressage plus ornemental, souvent réservé aux sabres japonais de cérémonie. 

Le travail ne s’arrête pas au tressage : l’artisan doit aussi fixer les ornements métalliques (menuki), souvent placés sous le tsukaito, et veiller à l’harmonie des couleurs et des motifs.  

La Fabrication des ornements métalliques par le Tosogu-shi

 

Les Tosogu-shi sont des artisans japonais spécialisés dans la création des ornements métalliques qui ornent les sabres traditionnels, comme le katana. 

 

Ces ornements, appelés tosogu, regroupent plusieurs éléments essentiels : 

la tsuba (garde du sabre)

le kashira(pommeau)

le fuchi (collier de la poignée)

les menuki (petites décorations insérées sous le tressage de la poignée) et d'autres pièces comme le kojiri (embout du fourreau) ou encore le kogai ou le Kozuga (petits couteaux insérés dans le fourreau). 

 

Le travail des Tosogu-shi repose sur une maîtrise technique impressionnante et un sens artistique raffiné. Leur rôle dépasse largement celui d’un simple artisan. 

 

Ils doivent concevoir des pièces qui non seulement s’intègrent parfaitement à l’ensemble du sabre, mais qui racontent aussi une histoire ou reflètent les valeurs et les goûts de leur commanditaire. 

Chaque détail compte, qu’il s’agisse de la précision des gravures, de la patine appliquée pour donner une texture spécifique ou encore du choix des motifs souvent inspirés par la nature, la mythologie ou les symboles guerriers.

mei sur tsuba japon

l'artisan grave sa signature (mei) 

sur la tsuba qu'il vient de créer

SABRES JAPONAIS D'EXCEPTION

Fabrication du Nihonto, les Tōken-shokunin

 

Les Tōken-shokunin, les Maîtres artisans du Nihonto

 

Le Nihonto , ou sabre japonais qu'on apelle aussi katana, est l’un des symboles les plus emblématiques du Japon et sa fabrication est un processus minutieux, nécessitant l’intervention de différents artisans hautement spécialisés. 

De l’extraction de l’acier à la certification finale, chaque étape suit des traditions millénaires et un savoir-faire transmis de génération en génération. 

 

Les Tōken-shokunin sont des artisans japonais spécialisés dans la fabrication, l'entretien et la restauration des sabres traditionnels, appelés nihontō ou shinken (lame véritable).

 

Leur travail incarne l'esprit du shokunin, un concept japonais qui désigne une quête perpétuelle d'excellence et de perfection dans son métier. 

Ces maîtres artisans jouent un rôle crucial dans la préservation de l'héritage culturel japonais, où les sabres ne sont pas seulement des armes, mais aussi des œuvres d'art et des symboles historiques et spirituels.

 

Découvrez le travail exceptionnel de ces Maîtres artisans !

 

• Le Murage-shi (村下師) : Le Maître métallurgiste responsable de la supervision de la production de l'acier Tamahagane dans le four Tatara.

• Le Tosho (刀匠) : Le Forgeron de sabres japonais, créant la lame à partir d’acier tamahagane selon les techniques traditionnelles. 

• Le Togi-shi (研師) : Le Polisseur de sabres, chargé de révéler le grain de l’acier (jihada) et la ligne de trempe (hamon) grâce à un polissage minutieux. 

• Le Saya-shi (鞘師) : Le Fabricant de saya (fourreau), sculptant le bois (généralement du magnolia) pour un ajustement parfait avec la lame. 

• Le Nuri-shi (塗師) : L' Artisan laqueur appliquant des couches d’urushi (laque traditionnelle) sur la saya pour la protéger et la décorer. 

• Le Tsukamaki-shi (柄巻師) : Le Spécialiste du tressage de la tsuka (poignée), utilisant de la soie, du coton ou du cuir pour un maintien optimal. 

Le Tosogu-shi (刀装具師) : L' Artisan créant les ornements du sabre (la tsuba ,  les menuki , le fuchi-kashira , etc.), souvent en métal gravé et sculpté.

 

Le Murage-shi dans la Fabrication du Sabre japonais

 

La fabrication d’un sabre japonais Nihonto commence par la production du tamahagane , un acier traditionnel obtenu dans un tatara , un fourneau ancestral. 

Ce processus est géré par le murage-shi (maître métallurgiste), qui sélectionne et affine l’acier pour garantir une qualité optimale. 

Fusion du sable ferrugineux : Le tatara est alimenté avec du sable ferrugineux (satetsu) et du charbon de bois pendant 72 heures, permettant à l’acier de se former par réduction directe.

Sélection du tamahagane : Une fois la fusion terminée, l’acier est brisé en morceaux et seuls les plus purs (d’une teneur en carbone idéale) sont conservés. 

Les fragments sont alors triés manuellement par le murage-shi, qui évalue la qualité de chaque pièce en fonction de sa texture et de sa solidité.

 

tatara four traditionnel japonais

 

Le tatara, le four en sable ou le sable ferrugineux vas se tranformer en acier tamahagane

Le murage-shi est le premier maillon de la chaîne d’artisans qui contribuent à la création d’un sabre japonais. Il est chargé de sélectionner les meilleures matières premières et de superviser le processus de transformation du minerai de fer en acier pur destiné à la forge. 

 

Les responsabilités principales du murage-shi : 

 

Sélection du minerai de fer : Le sable ferrugineux (satetsu, 砂鉄) est collecté, car il est riche en fer et se prête bien à la fabrication de l’acier traditionnel japonais.  

Gestion du tatara (高殿, fourneau traditionnel) : Le murage-shi supervise l’opération du tatara-buki, une technique de réduction du minerai dans un four en argile chauffé à haute température.  

Affinage du tamahagane : Après la fusion, l’acier brut est trié selon sa teneur en carbone. Le murage-shi sélectionne les morceaux les plus adaptés pour la forge du Nihonto. 

 

Tous les morceaux d’acier obtenus par le tatara-buki ne sont pas utilisables pour la forge d’un Nihonto. 

Le murage-shi doit effectuer un tri méticuleux pour séparer les différentes qualités d’acier :

 

Acier tendre (shingane, 心鉄) : Utilisé pour le noyau du sabre, garantissant une certaine flexibilité. 

Acier dur (kawagane, 皮鉄) : Employé pour la surface extérieure du Nihonto, apportant une excellente capacité de coupe.

 

Transmission du savoir aux forgerons (tosho, 刀匠) : Il fournit l’acier aux maîtres forgerons, qui doivent adapter leur travail en fonction des caractéristiques de chaque lot de tamahagane. 

 

L’Influence du Murage-shi sur la Qualité du Nihonto  

 

La qualité du tamahagane est déterminante pour la performance finale du Nihonto. 

Une erreur dans le processus de fusion ou de sélection peut compromettre la robustesse et la flexibilité de la lame. 

Un bon tamahagane assure : 

Une excellente soudabilité pour les multiples pliages effectués par le forgeron. 

Une dureté optimale tout en maintenant une certaine souplesse. 

Un grain fin et homogène permettant un polissage raffiné qui met en valeur le hada (肌, structure de l’acier). Le travail du murage-shi est donc essentiel et conditionne la réussite de tout le processus de fabrication du sabre japonais.  

 

Héritage et Transmission du Métier de Murage-shi 

 

Il existe peu de véritables murage-shi au Japon, car ce métier demande des années de formation et d’expérience.

Ce savoir-faire ancestral est aujourd’hui protégé par des maîtres métallurgistes qui perpétuent la tradition. Les techniques du tatara-buki sont enseignées dans certains instituts spécialisés et par des maîtres expérimentés.

L’Agence pour les Affaires Culturelles du Japon reconnaît certaines de ces pratiques comme des biens culturels immatériels.

Aujourd’hui, le Nihon Tatara (日本たたら) est exploité à Okuizumo , où des démonstrations sont organisées chaque année pour préserver cette tradition unique.  

 

Murage-shi maitre métallurgiste

 

 

Le Murage-shi surveille en permanence le bon déroulement des opérations

La Forge du Nihonto par le Tosho (Maître Forgeron)

 

Le tosho , ou maître forgeron, tranforme le tamahagane en une lame de nihonto, le sabre japonais mythique. 

Son travail requiert plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

 

Les différentes étapes de son travail : 

 

Pliage et soudage : Le tamahagane est chauffé, martelé et plié plusieurs dizaines de fois pour éliminer les impuretés et créer un grain d’acier fin appelé hada. 

Ce processus est crucial car il influence directement la résistance et la flexibilité du sabre japonais. 

Construction de la lame : Traditionnellement, deux types d’acier sont utilisés : un noyau tendre (shingane) pour la flexibilité et une enveloppe externe dure (kawagane) pour la résistance. 

Le forgeron veille à leur parfaite fusion. 

Trempe sélective : L’application d’une argile spéciale sur la lame avant la trempe permet de créer un hamon unique (ligne de trempe ondulée) par un refroidissement différentiel. 

La lame est ensuite plongé dans l’eau, un moment critique qui peut causer des fissures si l’opération est mal réalisée. 

Affinage du nakago (soie de la lame) : Une fois la lame forgée, la partie insérée dans la poignée est soigneusement limée pour créer un ajustement parfait avec la tsuka.

trempe lame katana

 

 

Le moment crucial de la trempe une fois la lame enduite d'argile et chauffée à la bonne température

Le Travail du Polissage par le Togishi

 

 

Le togishi est un artisan spécialisé qui affine la beauté de la lame du nihonto grâce à un polissage extrêmement minutieux. Cette phase peut durer plusieurs semaines.

Affinage progressif : Le polissage se fait avec différentes pierres naturelles, allant des plus rugueuses aux plus fines. Cela met en évidence la structure du hada et du hamon, révélant ainsi toute la complexité du travail du forgeron. 

Techniques spécifiques : Le togishi applique des techniques précises, comme le hada-nagashi (révélation du grain de l’acier) et le jizuya (perfectionnement des détails du hamon) afin de donner une finition unique à la lame. 

Mise en valeur des détails : À l’issue du polissage, la lame acquiert une clarté et une profondeur incroyables. La lumière interagit avec l’acier de manière fluide, un effet que seule une main experte peut obtenir.  

polissage lame katana

   Le long processus de polissage se fait. à l'aide de pierres naturelles de grains différents

La Fabrication du saya (le fourreau) par le saya-shi

 

 

 

Le magnolia (ho-no-ki en japonais, ホオノキ) est l’essence de bois privilégiée pour la fabrication des sayas (fourreaux) des sabres japonais (nihonto) , et ce, pour plusieurs raisons techniques et historiques. 

 

Le choix du magnolia n’est pas un hasard. Ce bois possède plusieurs caractéristiques qui en font un matériau parfait pour la conservation et la protection du sabre :

 

• Une texture fine et douce 

Le bois de magnolia est lisse, léger et relativement tendre, ce qui évite d’endommager la lame lorsqu’elle est insérée ou retirée du fourreau. 

Contrairement à d’autres bois plus durs qui pourraient rayer ou user le fil du tranchant, le magnolia offre une surface délicate et adaptée à un contact régulier avec l’acier du Nihonto

 

• Une faible rétention d’humidité 

L’humidité est l’un des pires ennemis d’une lame de sabre japonais, car elle favorise la formation de rouille (sabi, 錆). 

Le magnolia est un bois qui a une structure cellulaire stable, ce qui lui permet de réguler l’humidité et d’éviter les condensations excessives à l’intérieur du fourreau.

 

• Une absence de résines ou d’huiles nocives 

 

Contrairement à certaines autres essences de bois, le magnolia ne contient ni résines agressives, ni huiles volatiles qui pourraient interagir avec l’acier et altérer la qualité du polissage ou du tranchant. 

 

• Une résistance aux insectes et aux champignons 

Le magnolia est naturellement résistant aux moisissures et aux attaques d’insectes, ce qui garantit la longévité du fourreau et protège efficacement le shinken (nihonto), même dans des conditions de conservation prolongées.  

 

fabrication fourreau katana

 

 

Le saya-shi trace l'empreinte de la lame sur la demi-coquille du saya pour la creuser au ciseau à bois.

 

 

La Fabrication d’une Saya en Magnolia est un travail de haute précision 

 

La confection d’un fourreau de sabre en magnolia suit plusieurs étapes minutieuses  

 

• Sélection du bois :

Seuls les morceaux les plus homogènes et bien séchés sont choisis pour éviter toute déformation avec le temps. 

• Sculpture interne : 

La saya est creusée pour épouser parfaitement la forme de la lame, assurant un maintien optimal sans exercer de pression excessive. 

• Assemblage et collage : 

Les deux moitiés sont assemblées et collées avec de la colle traditionnelle. 

• Finition et laquage : 

La saya peut être laissée brute (shirasaya) ou recouverte de laque urushi pour une meilleure protection et un rendu esthétique soigné. 

• Le Magnolia dans les Sayas et les Shirasaya 

Le magnolia est utilisé aussi bien pour les sayas de combat, souvent recouvertes de laque pour une meilleure résistance, que pour les shirasaya, fourreaux de stockage destinés aux lames non montées. Les shirasaya, souvent en magnolia naturel non traité, offrent une protection idéale pour préserver les sabres japonais sur de longues périodes sans risque d’oxydation.

 

 

La peinture du saya (le fourreau) par le saya-shi

 

 Parmi les nombreux métiers artisanaux liés à la fabrication des sabres japonais, celui de laqueur de saya (fourreau) se distingue par sa complexité et son raffinement. 

Ce savoir-faire ancestral repose sur l’application de l’urushi, une laque extraite de l’arbre à laque japonais (Toxicodendron vernicifluum), dont les propriétés protectrices et esthétiques en font un matériau d’exception. 

 

saya laque urushi nihonto

  Un exemple du savoir faire des laqueur qui combine la laque urushi et différents matériaux comme des poudres et différents éléments comme des graines

 

Le travail du laqueur commence par la préparation du support. 

Le saya, généralement fabriqué en bois de magnolia (Honoki), est soigneusement poncé et traité pour assurer une surface optimale. 

 

L’application de l’urushi se fait en plusieurs couches, chacune nécessitant un séchage dans une atmosphère contrôlée, où l’humidité joue un rôle clé dans la polymérisation de la laque. 

Contrairement aux peintures modernes, l’urushi ne sèche pas à l’air libre mais sous un taux d’humidité élevé. La pose de la laque demande une dextérité et une rigueur extrêmes. 

 

Chaque couche est appliquée à la spatule, au pinceau ou au tampon, selon l’effet recherché. 

Une fois la surface durcie, le polissage commence, révélant une brillance profonde et une texture soyeuse. Cette alternance entre application, séchage et polissage peut s’étendre sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour les finitions les plus sophistiquées. 

 

Laque urushi saya katana

Ici le laqueur mélange plusieurs laques urushi avec de la poudre nacrée technique qu'on apelle Nashiji-nuri

Le métier de laqueur ne se limite pas à une simple couche protectrice.

Les maîtres artisans explorent diverses techniques pour créer des finitions uniques : 

 

Roiro-nuri   (brillance miroir), obtenue par un polissage minutieux. 

Ishime-nuri   (effet pierre), conférant une texture granuleuse. 

Nashiji-nuri , où des particules dorées ou argentées sont dispersées dans la laque. 

Maki-e , une technique où des motifs dorés sont dessinés à la poudre métallique. 

 

Ces techniques font du saya bien plus qu’un simple fourreau : il devient une œuvre d’art, fusionnant protection et esthétique.  

Le tressage de la tsuka par le tsukamaki-shi

 

Dans l’univers du sabre japonais, chaque composant joue un rôle essentiel, tant sur le plan esthétique que fonctionnel. Parmi les artisans spécialisés, le tsukamaki-shi occupe une place centrale. 

Ce maître du tressage est chargé d’habiller la tsuka (poignée) du katana en enroulant le tsukaito, un cordon de soie, de coton ou de cuir, selon des techniques précises garantissant à la fois esthétisme et solidité.

 

Tressage tsuka

Ici le Tressage de la poignée du sabre japonais est d'une importance cruciale pour la bonne tenue de delui-ci

 

 

Le travail du tsukamaki-shi commence par une analyse minutieuse du tsuka afin d’adapter son travail aux exigences du client ou du sabre lui-même. 

 

La poignée est généralement recouverte d’une peau de raie (samegawa), dont la texture rugueuse améliore la prise en main et sert de base au tressage. 

 

Le tressage doit être réalisé avec une tension parfaite : trop lâche, il compromettrait la solidité de la prise, trop serré, il risquerait d’endommager les matériaux ou de nuire au confort de l’utilisateur. 

Chaque pli du tsukaito est ajusté à la main, en veillant à une symétrie parfaite et à un alignement rigoureux des losanges formés par le croisement des bandes 

 

Tressage tsuka fil à fil

Ici le Tressage se fait fil par fil

 

 

Le tsukamaki-shi maîtrise plusieurs techniques de tressage, adaptées aux besoins des pratiquants et aux styles de monture : 

 

Hineri-maki, le style classique où le cordon est torsadé pour un maintien optimal. 

 

Katate-maki, utilisé sur les sabres de combat (uchigatana), plus fonctionnel avec un enroulement asymétrique offrant une meilleure prise. 

 

Tensho-maki, où la soie est entrecroisée avec des parties exposées de la peau de raie, offrant un design épuré et une prise ferme. 

 

Shimada-maki, un tressage plus ornemental, souvent réservé aux sabres japonais de cérémonie. 

Le travail ne s’arrête pas au tressage : l’artisan doit aussi fixer les ornements métalliques (menuki), souvent placés sous le tsukaito, et veiller à l’harmonie des couleurs et des motifs.  

La Fabrication des ornements métalliques par le Tosogu-shi

 

   Les Tosogu-shi sont des artisans japonais spécialisés dans la création des ornements métalliques qui ornent les sabres traditionnels, comme le katana. 

 

Ces ornements, appelés tosogu, regroupent plusieurs éléments essentiels : 

la tsuba (garde du sabre)

le kashira(pommeau)

le fuchi (collier de la poignée)

les menuki (petites décorations insérées sous le tressage de la poignée) et d'autres pièces comme le kojiri (embout du fourreau) ou encore le kogai ou le Kozuga (petits couteaux insérés dans le fourreau). 

 

Le travail des Tosogu-shi repose sur une maîtrise technique impressionnante et un sens artistique raffiné. Leur rôle dépasse largement celui d’un simple artisan. 

 

Ils doivent concevoir des pièces qui non seulement s’intègrent parfaitement à l’ensemble du sabre, mais qui racontent aussi une histoire ou reflètent les valeurs et les goûts de leur commanditaire. 

Chaque détail compte, qu’il s’agisse de la précision des gravures, de la patine appliquée pour donner une texture spécifique ou encore du choix des motifs souvent inspirés par la nature, la mythologie ou les symboles guerriers.

mei sur tsuba japon

l'artisan grave sa signature (mei) sur la tsuba qu'il vient de créer